L’attachement de l’enfant : Et les papas dans tout ça?

BONNE FÊTE DES PÈRES

Ah les papas! On les fête officiellement qu’une seule fois par année, mais en réalité ils sont à célébrer à tous les jours comme les mamans. En ce jour de la Fête des pères, nous avions bien sûr envie de vous en dire un peu plus sur l’attachement père-enfant! Pour vous en parler, nous avons décidé de vous présenter une étude du professeur Jean-François Bureau (Université d’Ottawa) et ses collègues, lesquels ont développé une expertise approfondie sur l’attachement de l’enfant au père. 

Informations sur l’étude : Bureau, J. F., Martin, J., Yurkowski, K., Schmiedel, S., Quan, J., Moss, E., Deneault, A. A., & Pallanca, D. (2017). Correlates of child-father and child-mother attachment in the preschool years. Attachment & human development, 19(2), 130–150. https://doi.org/10.1080/14616734.2016.1263350.

Ce qui intéresse les chercheurs :

Le temps d’interaction entre les pères et leurs enfants a grimpé de 94% entre 1965 et 2000¹, ce n’est pas rien! Même si de nombreux pères ne sont pas nécessairement les figures d’attachement principales de leurs enfants et qu’ils passent en moyenne moins de temps avec eux, ils contribuent au développement de leur sécurité affective. En particulier, il semble que l’implication des pères dans l’éducation de leurs enfants soit davantage présente aux alentours de 2-3 ans et bien établie vers 4-5 ans. De plus, les bénéfices de la présence des pères dans le développement des enfants s’observent à plusieurs égards, notamment dans leurs capacités motrices, d’exploration, de la communication, de l’autonomie relationnelle et même face à l’anxiété de séparation. 

Un élément intéressant de l’attachement au père repose sur sa motivation à s’investir dans la relation avec son enfant. Ainsi, s’il est vrai que la sensibilité parentale et le temps passé avec l’enfant contribuent à la qualité de la relation d’attachement que l’enfant développe à son parent, l’attitude du père en particulier quant à son investissement envers son enfant et sa famille le serait tout autant.  En d’autres mots, alors que les exigences de la société amènent les mères à porter le devoir de s’investir auprès de leurs enfants, les attentes face aux pères seraient moins grandes. Dans cette optique, si un père choisit de prioriser ce rôle, cela serait un facteur positif contribuant à la sécurité d’attachement de son enfant. Le stress parental, le tempérament de l’enfant, les stresseurs affectant la satisfaction conjugale, la flexibilité dans les rôles parentaux et la place du travail sont également rapportés dans les écrits comme ayant une influence sur l’attachement de l’enfant à son père. 

D’autres écrits précisent la forte association entre l’attachement au père et l’adaptation sociale de l’enfant. En effet, les enfants ayant développé un attachement sécurisant montrent de meilleures habiletés sociales, de saines capacités d’auto-régulation et moins de problèmes de comportement. 

C’est dans cette optique que Bureau et ses collaborateurs se sont intéressés à mieux comprendre ce qui est associé à l’attachement au père en comparaison à l’attachement à la mère. 

Ce que l’étude découvre :

Les conclusions de l’étude montrent que les pères et les mères sont tout autant des figures compétentes lorsqu’ils interagissent avec leurs enfants d’âge préscolaire dans un cadre de jeu ludique et excitant. 

Les auteurs rapportent également que, contrairement à la croyance populaire, les jeux de batailles ne sont pas suffisants pour qu’un père et son enfant développent une relation de qualité. Ce qui paraît important est que dans tout contexte de jeux, les pères soient sensibles aux signaux de leur enfant (ex : arrêter lorsque l’enfant ne semble plus trouver le jeu amusant); c’est ce qui est observé chez les pères dont l’enfant a un attachement sécurisant à leur égard. 

L’étude soulève également que plus les pères sont stressés plus leurs enfants présentent un attachement insécurisant. Ce résultat souligne l’importance d’intervenir aussi sur les facteurs contextuels ou psychosocial affectant les pères afin de favoriser la sécurité affective. 

En ce qui concerne l’adaptation sociale, les auteurs montrent que l’insécurité d’attachement au père est associée à la présence de problèmes de comportement (conduite) chez l’enfant et ce, peu importe le type d’attachement à la mère. Les auteurs proposent qu’à partir du contexte de jeu, les pères peuvent aider leurs enfants à moduler leur agressivité et avoir des modèles sains dans les jeux de bataille. En l’absence d’un lien d’attachement sécurisant au père, les enfants pourraient davantage percevoir les comportements agressifs comme étant acceptables hors des contextes de jeu. 

Ce que l’on peut retenir comme parents :

• Célébrons les pères! : Leur style parental est une richesse importante pour le développement de l’enfant

• Favoriser la diversité des modèles parentaux : Que l’on parle du modèle paternel ou simplement de modèles d’autres figures significatives et différentes pour l’enfant, ce dernier se construit à partir de cette exposition à la diversité des personnes qui l’entoure. 

• Objectif sensibilité! : La sensibilité parentale – la capacité du parent à reconnaître, interpréter et répondre de manière appropriée aux signaux de son enfant – qu’elle soit manifestée par la mère ou le père est toute aussi importante pour la sécurité d’attachement de l’enfant et ce, peu importe le contexte de l’interaction. 

Le LEDEF en profite pour souhaiter une bonne fête des pères à tous les modèles paternels qui font la différence dans la vie des enfants!

¹ Pleck, J.H. (2010). Paternal involvement: Revised conceptualization and theoretical linkages with child outcomes. In M. E. Lamb (Ed.), The role of the father in child development (5th ed., pp. 58– 93). Hoboken, NJ: Wiley.