Concepts-clé

Les processus développementaux chez l’enfant et les stratégies de promotion de son développement

Intervention Relationnelle

L’intervention relationnelle est une intervention positive basée sur l’attachement et centrée sur les forces du parent. Elle utilise généralement la rétroaction vidéo et s’oriente sur la modification  de la relation parent-enfant. Ce type d’intervention vise à renforcer les comportements sensibles du parent envers son enfant afin de favoriser un attachement sécurisant. Pour se faire, l’intervention relationnelle aide le parent à observer les comportements de l’enfant et à reconnaître ses signaux de détresse, à bien reconnaître et interpréter les comportements de l’enfant et à prendre conscience des besoins de l’enfant sur le plan de l’attachement et de l’exploration. L’intervention relationnelle a un protocole d’intervention structuré, de courte durée (8 à 12 séances de 90 minutes à domicile) et adaptée à la dynamique relationnelle de chaque dyade. La rétroaction positive est le principal outil de l’intervention relationnelle. En effet, les parents ciblés par ce type d’intervention ont souvent été peu valorisés dans leur rôle. La rétroaction positive permet de contrer la résistance à l’intervention et fournit un puissant catalyseur de changement.  Ce type d’intervention est généralement très efficace pour favoriser les comportements sensibles et le développement d’un attachement sécurisant lorsqu’il est appliqué à une population d’enfants âgés de 0 à 5 ans dans une situation de risques élevés ou dans une situation de maltraitance. (Blondin, 2018).

Sensibilité parentale

La sensibilité parentale fait référence à la capacité des parents de répondre aux signaux et aux besoins de réconfort de leur enfant de façon prévisible, chaleureuse et contingente. Si le parent témoigne d’une sensibilité adéquate, l’enfant apprend qu’il peut compter sur son parent lorsqu’il en a besoin et tend à développer un attachement sécurisant (Ainsworth et al., 1978).

Comportements parentaux atypiques

Les comportements atypiques présentés par les parents ne sont pas des comportements de maltraitance à proprement dit, mais ils est cru que ces derniers sont de potentiels précurseurs comportementaux à la maltraitance. Ces derniers prennent la forme de comportements de dissociation, de retrait, d’agressivité ou d’impuissance présentés par le parent lors d’une interaction avec son enfant. Ainsi, le parent répond de façon non-optimale à son enfant lorsqu’il joue avec ce dernier, ou lorsque l’enfant se trouve en détresse. (Madigan et al., 2006) Maltraitance La maltraitance représente toute forme de mauvais traitements physiques et/ou psychologiques, de négligence, d’exploitation ou d’abandon commis à l’égard d’une autre personne qui entraîne une potentielle menace à la dignité et  à la survie de cette dernière. Chez les enfants victimes de maltraitance, celle-ci engendre des conséquences néfastes, notamment quant à leur développement et leur santé. La maltraitance englobe quatre principaux types, soit la maltraitance psychologique, sexuelle, physique et la négligence.

L’abus physique se définit comme tout geste qui porte atteinte à l’intégrité physique ou à la vie d’une personne. Ce type d’abus peut survenir de façon périodique ou une seule fois. Frapper, pincer, tirer, étouffer, brûler, secouer et gifler sont des exemples de comportements abusifs physiquement. La violence physique est le type de violence le plus souvent visible puisqu’elle laisse généralement des traces sur le corps). (Source : Association l’Enfant bleu)

L’abus psychologique constitue l’ensemble de paroles ou gestes dans le but de blesser et/ou abaisser l’autre. Ce type d’abus peut se manifester sous différentes formes telles que l’utilisation d’insultes, de menaces, d’humiliation ainsi que de la privation de contacts. (Lindsay et Clément, 1998).

L’abus sexuel se définit comme étant toute interaction ou comportement à caractère sexuel qui implique une ou plusieurs personnes qui n’y sont pas consententes. Également, ce dernier peut avoir lieu avec ou sans contact physique (Collart, 2017).

La négligence est une forme de maltraitance qui est caractérisée par une personne qui  ne répond pas adéquatement aux divers besoins d’une autre personne nécessitant d’être comblés de façon adéquate par celle-ci. Ainsi, la négligence parentale se définit comme une absence de réponse de la part du parent à l’égard des divers besoins de son enfant au plan cognitif, physique, affectif ou de surveillance. Au Canada, la négligence parentale constitue l’une des formes de maltraitance les plus signalées dans les services de protection de l’enfance (Clement et al., 2017).

Problèmes de comportement

Les problèmes de comportement font référence à la présence de symptômes intériorisés ou extériorisés. Ils entraînent un dysfonctionnement ou une détresse, ce qui permet de les différencier de certains comportements transitoires normaux (Charach, 2017). La maltraitance est souvent associée à davantage de problèmes extériorisés et intériorisés chez les enfants.

Les problèmes de comportements extériorisés se manifestent généralement par de l’agitation, de l’impulsivité, un manque d’obéissance ou de respect des limites qui leur sont données ou par une certaine agressivité. Les comportements extériorisés toujours présents à l’âge scolaire peuvent entraîner plusieurs difficultés scolaires causées par un manque de concentration ou bien par des comportements inappropriés en classe. À l’atteinte d’un certain seuil clinique, les problèmes de comportement peuvent être associés à certains troubles de comportement. (Roskam et al., 2007)

Les problèmes de comportement intériorisés se manifestent par des symptômes de peur excessive, d’anxiété, de dépression, de dépendance, de tristesse ou de retrait social. La présence des ces symptômes peut laisser place à un trouble de comportement intériorisé lorsqu’un seuil clinique est atteint (Fortin et al., 2000). Les enfants ayant été agressés ou maltraités sont plus à risque de souffrir de problèmes de comportements intériorisés. Cependant, il semble que la présence de tels problèmes soit davantage associée aux variables familiales et parentales qu’aux caractéristiques de l’agression (Zephyr et al., 2014).

Attachement de l’enfant

Le psychiatre et psychanalyste John Bowlby (1969) est à l’origine de la théorie de l’attachement. Selon lui,  l’attachement constitue l’ensemble des comportements visant la recherche et/ou le maintien de la proximité d’une personne spécifique. Chez l’enfant, des comportements tels que sourire, pleurer, sucer ou agripper peuvent être décrits comme étant des comportements d’attachement. La qualité de l’attachement chez l’enfant peut notamment être évaluée grâce à la Situation Étrangère, mise sur pied par Mary Ainsworth en 1978.  Cette procédure implique des situations de séparation entre l’enfant et son donneur de soins ainsi qu’un contact avec une personne étrangère. La qualité de l’attachement pourra être classée selon les comportements de l’enfant pendant ces situations. Quatre types d’attachement peuvent être observés :  sécurisant, insécurisant-évitant, insécurisant-ambivalent et insécurisant-désorganisé.

La majorité des enfants présentent généralement un attachement sécurisant. Un tel type d’attachement  implique, dans la plupart des cas, une figure d’attachement disponible et sensible, représentant ainsi une base de sécurité à partir de laquelle l’enfant peut explorer son environnement. L’enfant peut réagir vivement au moment de la séparation et montrera du contentement au moment de la réunion. Ses interactions avec sa figure d’attachement sont habituellement de nature détendues et agréables.

Il semble qu’une petite proportion des enfants présentent un attachement de type insécurisant-évitant (14%). La figure d’attachement de l’enfant présentant ce type d’attachement peut avoir tendance à se montrer insensible, voire rejetante. Il arrive qu’elle favorise  l’autonomie précoce et soit centrée sur ses propres besoins, plutôt que sur les besoins de l’enfant. Face à une figure d’attachement rejetante, l’enfant cesse de signaler sa propre détresse. Il semble, au moment de l’évaluation, plutôt indifférent face à sa figure d’attachement. Cette indifférence peut s’exprimer par des comportements tels que d’ignorer la figure d’attachement au moment de la réunion, centrant son attention sur le jeu. Malgré cette apparence d’indifférence, on observe un rythme cardiaque ainsi qu’un niveau de cortisol plus élevé chez l’enfant, ce qui témoigne du stress vécu par celui-ci.

La figure d’attachement des enfants qui présentent un attachement insécurisant-ambivalent a pour principale caractéristique de répondre de façon inconsistante, instable, incohérente ou contradictoire aux signaux de détresse de l’enfant. À cause de ces comportements, l’enfant ne sait pas à quoi s’attendre. Il aura donc tendance à intensifier ses signaux de détresse pour avoir de l’attention. On pourra observer des protestations très intenses au moment de la séparation avec le parent et un comportement de passivité excessive ou de recherche de proximité excessive au moment de la réunion. L’enfant pourra chercher la proximité avec sa figure d’attachement, tout en adoptant des comportements contradictoires de colère. L’enfant ne sera donc pas porté à l’exploration.

L’attachement insécurisant-désorganisé est présent chez environ 15% des enfants et est souvent associé à des situations de négligence, d’abus ou de violence. La figure d’attachement des enfants qui présentent un tel type d’attachement est souvent caractérisée comme insensible. La figure d’attachement représente à la fois la source de réconfort et la source de danger pour l’enfant, ce qui peut amener beaucoup de confusion chez celui-ci. Ce type d’attachement est généralement manifesté par des comportements contradictoires et anormaux en présence du parent et par un renversement des rôles à l’âge préscolaire. Il y a absence de stratégie d’attachement fixe et organisée.

Ainsworth, M.D.S., Blehar, M.C., Waters, E. & Wall, S. (1978). Patterns of attachment :  A psychological study of the strange situation. Hillsdale, NJ: Erlbaum. 

Blondin, A. (2018). L’efficacité de l’intervention relationnelle auprès de parents adoptifs à l’international et leur enfant: un examen de la sensibilité et de l’investissement parental. Thèse. Montréal (Québec, Canada). Université du Québec à Montréal.

Charach, A., Bélanger, S. A., McLennan, J. D., & Nixon, M. K. (2017). Le dépistage des comportements perturbateurs en première ligne chez les enfants d’âge préscolaire. Paediatrics & Child Health, 22(8), 485–49

Clement, M.-E., Berube, A., & Chamberland, C. (2017). Validation de la version française de l’échelle multidimensionnelle des conduites de négligence parentale. Canadian Journal of Psychiatry, 62(8), 560–569. https://doi.org/10.1177/07067437177036453.

Collart, P. (2017). L’abus sexuel: discussion de la définition, éléments de diagnostic et de prévention. Service social, 63(1), 29-42.

Duriez, N. (2011). Thérapie familiale et troubles de la régulation émotionnelle. Thérapie familiale, 32(1), 41-58.

Fortin, L., Marcotte, D., Royer, E., & Potvin, P. (2000). Les facteurs discriminants sur les plans personnel, familial et scolaire entre les troubles de comportement intériorisés, extériorisés et concomitants chez des élèves de première secondaire. Revue des sciences de l’éducation, 26(1), 197-218..

Gross, J. J. (2002). Emotion regulation: Affective, cognitive, and social consequences. Psychophysiology, 39(3), 281-291.

Lindsay, J. & Clément, M. (1998). La violence psychologique : sa définition et sa représentation selon le sexe. Recherches féministes, 11 (2), 139–160. https://doi.org/10.7202/058008ar 

Roskam, I., Kinoo, P., & Nassogne, M. C. (2007). L’enfant avec troubles externalisés du comportement: approche épigénétique et développementale. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence, 55(4), 204-213.